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01/07/2012

Laïcité 3 : la preuve par le ministre

   Depuis la publication de "Laïcité 2 : le laïcisme, un dogme religieux", la France a changé de gouvernement. La nomination du très laïque Vincent Peillon au ministère de l'Education Nationale confirme sans ambiguïté possible ce que cet article développait : la laïcité en France n'est pas conçue comme une neutralité, mais bien comme une religion à part entière.

   En témoignent ci-après quelques vidéos où Vincent Peillon exprime ses vues sur la laïcité et son histoire.





05/12/2011

Laïcité 2 : le laïcisme, un dogme religieux

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    Une Journée Nationale de la Laïcité, pour quoi faire ?

    9 décembre 2011 : première Journée Nationale de la Laïcité. La proposition de résolution instituant cet événement déclare que

"c'est la laïcité de notre État qui nous permet de vivre ensemble, dans le respect des croyances et pratiques religieuses, des opinions et convictions diverses de chacun."

La laïcité serait donc une simple neutralité, permettant le vivre ensemble des Français. Lors des débats qui occupent le sénat, René-Pierre Signé précise :

"Aboutissement du mouvement de laïcisation et de sécularisation commencé en 1789, le 9 décembre est une date capitale, mettant fin au concordat. Lui consacrer une journée, ce n'est pas commémorer un reliquat poussiéreux mais dire qu'on mesure le danger de l'emprise du religieux sur le politique, et inversement."

   Un peu d'Histoire...

-16 novembre 1871 : Léon Gambetta s'adresse à la Chambre des députés :

"Dans le programme républicain, comme première réforme, j’ai toujours placé l’enseignement du peuple : mais cet enseignement a besoin d’être, avant tout, imbu de l’esprit moderne civil, et maintenu conforme aux lois et aux droits de notre société. Là–dessus je voudrais vous dire toute ma pensée. Eh bien ! je désire de toute la puissance de mon âme qu’on sépare non seulement les églises de l’Etat, mais qu’on sépare les écoles de l’Eglise (Vifs applaudissements). C’est pour moi une nécessité d’ordre politique, j’ajoute d’ordre social."

Selon le Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie (publié sous la direction de Daniel Ligou ; Paris : Éditions de Navarre, 1974), Léon Gambetta

"fut initié dans la Loge La Réforme, Orient de Marseille, Grand Orient, en 1869."  (tome 1, p. 534)

-28 mars 1882 : loi relative à l'obligation et à la laïcité de l'enseignement. Jules Ferry est alors ministre de l'Instruction. Le Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie nous apprend que

"Jules Ferry fut reçu Maçon seulement en 1875 à la Clémente Amitié. Par la suite, il s'affilia également à la Loge Alsace Lorraine." (tome 1, p. 488)

-20 avril 1884 : le pape Léon XIII publie l'encyclique Humanum Genus, dans laquelle il déclare à propos de la Franc-Maçonnerie :

"Ainsi, dut-il lui en coûter un long et opiniâtre labeur, elle se propose de réduire à rien, au sein de la société civile, le magistère et l'autorité de l'Eglise; d'où cette conséquence que les francs-maçons s'appliquent à vulgariser, et pour laquelle ils ne cessent pas de combattre, à savoir qu'il faut absolument séparer l'Eglise de l'Etat."

-7 juillet 1904 : Emile Combes fait voter la loi interdisant l'enseignement à toutes les congrégations. Voici la fin de la notice qui lui est consacrée dans le Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie :

"Initié le 1er juin 1869 à la Loge Tolérance et Etoile de Saintonge, Orient de Pons, qu'il fréquente jusqu'à sa mort et qui a maintenant pris son nom comme titre distinctif. Il appartenait aussi à la loge Les Amis Réunis, Orient de Barbezieux." (tome 1, p. 298)

-9 décembre 1905 : loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat.

-8 novembre 1906 : le ministre du Travail René Viviani salue la loi de séparation en ces termes :

"Tous ensemble, par nos pères et par nos aînés, par nous-mêmes, nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre d’anticléricalisme, à une œuvre d’irréligion. Nous avons arraché les consciences humaines à la croyance. Lorsqu’un misérable, fatigué du poids du jour, ployait les genoux, nous l’avons relevé, nous lui avons dit que derrière les nuages il n’y avait que des chimères. Ensemble, et d’un geste magnifique, nous avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera plus. Voilà notre œuvre, notre œuvre révolutionnaire. Est-ce que vous croyez que l’œuvre est terminée ? Elle commence au contraire."

La Chambre votera l'affichage de ce discours dans toutes les communes françaises. Si l'on en croit Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie, René Viviani "fut membre de la Loge Droit et Justice, à l'Orient de Paris" (tome 2 p. 1.362).

-7 et 8 février 1981 : Assises internationales de la laïcité, en l'honneur du centenaire des lois laïques, organisées par le Grand Orient de France. Extrait du bulletin d'information du 6 février :



-Jeudi 2 décembre 2010 : entretien de Politiqueactu.com avec Jean-Philippe Marcovici, Grand-Maître adjoint du Grand Orient de France. Au programme : présentation de la Franc-Maçonnerie et... d'un projet de loi visant à instaurer une Journée Nationale de la Laïcité (8ème minute de la vidéo ci-dessous).


-27 janvier 2011 : Texte n° 269 (2010-2011) de M. Claude DOMEIZEL et plusieurs de ses collègues, déposé au Sénat le 27 janvier 2011, proposant l'instauration d'une Journée Nationale de la Laïcité.

-31 mai 2011 : le Sénat adopte la proposition de résolution visant à faire du 9 décembre la journée nationale de la laïcité.

   Vous avez dit neutralité ?

   D'un bout à l'autre de l'histoire de la laïcité, les Franc-maçons en général, et le Grand Orient de France en particulier, soutiennent autant qu'ils le peuvent la laïcité telle qu'elle existe en France. Cette laïcité n'a donc rien à voir avec une neutralité, ainsi que le précise M. Marcovici (12ème minute de la vidéo précédente) :

"En Europe aussi, on est à la recherche d'un mieux vivre ensemble avec la volonté, je crois, que l'Eglise ne se mêle plus des questions de l'Etat, dans quelque pays que ce soit. [...] Vous savez comme moi qu'il y a des pays qui, traditionnellement, ont une église forte et qui s'implique dans la société : à nous, Français, et aussi maçons du Grand Orient de France, de combattre cette attitude, et surtout de promouvoir cette laïcité à la française ou à l'européenne, je l'espère demain, pour que nous puissions vivre en bonne intelligence, et surtout dans le respect des autres et de soi-même."

   Il ne s'agit donc pas là d'une laïcité légitime, c'est-à-dire d'une simple "distinction entre la sphère politique et la sphère religieuse", ainsi que la définit le Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise (§ 571), mais bien d'un véritable laïcisme, dénoncé par le Compendium au § 572 :

"Même dans les sociétés démocratiques, il demeure encore, hélas, des expressions de laïcisme intolérant, qui entravent toute forme de la foi, d'importance politique et culturelle, en cherchant à disqualifier l'engagement social et politique des chrétiens, parce qu'ils se reconnaissent dans les vérités enseignées par l'Église et qu'ils obéissent au devoir moral de cohérence avec leur conscience; on arrive aussi et plus radicalement à nier l'éthique naturelle elle-même."

    Apparemment, la laïcité telle que la définit M. Marcovici sert d'ailleurs à borner l'action des seules églises, et surtout pas celle du Grand Orient, pourtant promoteur lui aussi d'une certaine spiritualité. Comme il l'affirme à la 4ème minute, les membres de cette organisation demeurent bel et bien présents dans la cité, décidés à intervenir. C'est aussi ce que montrent les quelques témoignages rassemblés dans la vidéo ci-dessous. On notera la franchise de Jean-Michel Quillardet, président de l'Observatoire International de la Laïcité et ancien Grand Maître du Grand Orient de France, qui se proclame "d'abord franc-maçon".


   L'évangile laïciste

   Un Grand Maître spirituel qui devient président de l'Observatoire International de la Laïcité, vous ne trouvez pas ça curieux ? Pourquoi pas un évêque ? On ne peut comprendre en profondeur le positionnement actuel du Grand Orient vis-à-vis de la laïcité si l'on en reste à un plan purement tactique. La laïcité qu'il promeut ne constitue ni une neutralité, ni même un simple anticléricalisme. Elle est elle-même d'essence religieuse depuis son début. L'école laïque, ne l'oublions pas, a remplacé l'instruction religieuse par l'instruction civique, enseignée dans des manuels qui portaient parfois le titre de Catéchisme (comme le Catéchisme d'instruction civique de J. Hutinel, par exemple).

   Cette conception religieuse de la laïcité perdure aujourd'hui. Sinon, pourquoi un baptême républicain ? Celui-ci, selon le site du Service Public, "n'est prévu par aucun texte législatif", ses certificats "ne représentent aucune valeur juridique". Il "n'a qu'une valeur morale" : "faire entrer l'enfant dans la communauté républicaine et à le faire adhérer de manière symbolique aux valeurs républicaines".

   Que la laïcité soit elle-même porteuse de valeurs spirituelles, c'est ce que rappelle sans ambiguïté aucune Jean-Philippe Marcovici dans la vidéo présentée plus haut :

"Il y a aussi un aspect spirituel de la laïcité, une spiritualité laïque." (7ème minute)

   Lors des débats sur l'instauration d'une Journée Nationale de la Laïcité (31 mai 2011), le sénateur René-Pierre Signé lâche cette petite phrase, lourde de signification : "la laïcité permet la sanctuarisation de l'espace public." Autrement dit, l'espace public accède, par la laïcité, au statut d'espace sacré. La dénonciation de la laïcité comme anticléricalisme pur se heurte ici à ses limites : il s'agit bien de vider la société des religions traditionnelles, certes, mais dans le seul but d'en établir une autre, celle de la franc-maçonnerie. Voilà pourquoi la laïcité à la française apparaît tout à la fois comme un athéisme d'Etat et une religion d'Etat. Nous assistons en fait ici à une inversion des pôles profane et sacré de notre monde : le sacré traditionnel doit rentrer dans la sphère du profane et ce qui relève du profane accéder au rang de sacré. Témoins de ce phénomène les récentes oeuvres d'art, subventionnées par l'Etat, qui profanent l'image du Christ... mais qui sont elles-mêmes sacrées : malheur à qui ose y toucher !

   De la religion du Dieu fait homme à celle de l'Homme fait dieu

   Qui dit religion, dit divinité. Quelle est la divinité de cette religion laïciste ? L'Homme, à n'en pas douter. L'ancien ministre Luc Ferry le précise sans ambages dans une conférence donnée à la Grande Loge de France le 7 juin 2007, sur le thème "quelle spiritualité au XXIème siècle ?" Le site de cette obédience retransmet la vidéo de son intervention, qu'elle articule en trois moments-clés : "différence entre morale et spiritualité", "déconstruction et mondialisation", "sacralisation de l'humain". Voici un extrait de cette dernière partie.



Le sacré dont parle Luc Ferry "ne tombe pas sous le marteau de Nietzsche", car "ce n'est pas une transcendance qui tombe du ciel". En cela réside ce qui le sépare radicalement du christianisme ; dans cette dernière religion, l'humain n'est pas sacré en lui-même, mais consacré, c'est-à-dire sacré par participation : l'homme est à l'image de Dieu. Dans la spiritualité laïciste, l'homme est sacré indépendamment de toute référence à un au-delà de lui-même. Et plus encore, cette indépendance représente une condition nécessaire de la sacralisation de l'homme. C'est du moins ce qu'affirme la quatrième de couverture de La révolution de l'amour, pour une spiritualité laïque, ouvrage écrit par le même Luc Ferry :

"Au terme provisoire de ce siècle, il faut bien faire un constat : les motifs traditionnels du sacrifice collectif ont été liquidés. Qui voudrait encore aujourd'hui, en Europe, mourir pour Dieu, pour la patrie, pour la révolution ? Personne ou presque, et à l'encontre de la morosité ambiante, je prétends que c'est la meilleure nouvelle du millénaire ! Car la sacralisation de l'humain va enfin pouvoir réenchanter le monde."

   À toute religion son texte sacré. Ici encore le laïcisme n'est pas en reste, avec la Déclaration des Droits de l'Homme, "le véritable texte sacré", ainsi que le soutient le franc-maçon Jacques Fontaine :


   Le croirez-vous ? Cette religion, pas plus qu'une autre, ne peut se prétendre à l'abri du fanatisme, ainsi qu'en témoigne l'actualité récente. Il est de bon ton de fustiger l'époque des croisades, mais que dire de la récente intervention occidentale en Lybie ? Pour Aymeric Chauprade, ancien directeur du cours de géopolitique au Collège interarmées de défense (2002-2009), le cas ne fait aucun doute :

"Une nouvelle fois, l’incantation à la religion des droits de l’homme a fait pleuvoir les bombes de l’Otan. Comme toutes les guerres de l’“Empire” auxquelles la France apporte son tribut, l’intervention en Libye a été menée au nom du devoir humanitaire de protection des populations civiles. Tous les ingrédients classiques de la guerre d’ingérence rêvée par Kouchner et ses amis furent au rendez-vous …" (début de l'article "Les faux calculs de l'ingérence", paru le 15/09/2011 dans Valeurs Actuelles)

   L’Église catholique et les Droits de l'Homme

   On remarquera que l’Église catholique considère les Droits de l'Homme comme une étape éminemment positive de l'Histoire de l'humanité :

Le Magistère de l'Église n'a pas manqué d'évaluer positivement la Déclaration universelle des droits de l'homme, proclamée par les Nations Unies le 10 décembre 1948, que Jean-Paul II a qualifiée de véritable « pierre milliaire placée sur la route longue et difficile du genre humain ». (Compendium de la Doctrine sociale de l'Église, § 152)

Dès lors, quelle différence entre la religion chrétienne et celle des Droits de l'Homme ? Une différence essentielle, soulignée par le Compendium de la Doctrine sociale de l'Église :

"La source ultime des droits de l'homme ne se situe pas dans une simple volonté des êtres humains dans la réalité de l'État, dans les pouvoirs publics, mais dans l'homme lui-même et en Dieu son Créateur." (§ 153)

L’Église catholique reconnaît quelque valeur à la déclaration de 1948, non comme à un texte sacré, mais comme à un texte qui tire sa valeur de sa conformité à la loi morale, donnée par Dieu aux hommes et résumée dans le Décalogue. Ce faisant, elle se situe à l'opposé de la religion des Droits de l'Homme, qui refuse toute "transcendance qui tombe du ciel", pour reprendre l'expression de Luc Ferry.

   Qui veut faire l'ange fait la Bête

   Récapitulons. Trois niveaux de lecture de la laïcité à la française :
1) simple neutralité
2) anticléricalisme
3) dogme religieux

  Ce qui est visé en définitive, c'est l'institution d'un monde où l'Homme constituerait à lui-même son propre dieu. Une idée extrêmement généreuse à première vue... mais qui implique de modeler un univers d'où la grâce divine se serait le plus possible retirée, où la communion avec le vrai Dieu n'existerait plus. Bref, l'exacte définition de l'Enfer (cf. Catéchisme de l'Église catholique, § 1033).

   Imaginons qu'un tel projet aboutisse : nous nous trouverions alors dans la situation décrite par saint Jean dans l'Apocalypse, celle de l'Anti-christ, cet homme fait Dieu se substituant au Dieu fait homme. Car nous avons naïvement tendance à croire que l'époque de l'Antichrist sera celle de l'adoration du diable. Cependant le diable n'est jamais adoré pour lui-même, mais bien pour les plaisirs, les honneurs et les richesses qu'il procure. Lui-même demeure dans l'ordre des moyens. En ce sens, une religion du diable demeure impossible. À la lumière de ce qui précède, il semble alors préférable de lire ce passage de l'Apocalypse comme l'annonce d'un temps où la religion de l'Homme aura pris le dessus. Le triple six de la Bête serait donc moins celui de Satan que celui de l'homme, créature imparfaite (6, traditionnellement le chiffre de l'imperfection), autoproclamé dieu (3, le chiffre de la divinité). D'ailleurs, saint Jean ne précise-t-il pas que ce chiffre, sans lequel on ne peut acheter ni vendre, est un "chiffre d'homme" (Apocalypse 13, 18) ? Le démon continuant néanmoins à tirer les ficelles en coulisse, comme aux premiers jours de la tentation où il déclara à Eve : "vous serez comme des dieux" (Genèse 3, 5).

   Le chant dans la fournaise

   On notera la formidable capacité qu'ont les chrétiens -quand ils savent résister à la religion des Droits de l'Homme- mais aussi les musulmans à irriter la bien-pensance occidentale. C'est que s'il existe bien une religion du salut par l'Homme, ceux qui adorent un Dieu transcendant sont nécessairement les damnés de cette religion. On les aimerait au ban de la société, ces blasphémateurs qui rappellent sans cesse à l'homme sa dépendance à l'égard d'un au-delà de lui-même ! Au bûcher, les impies ! Dès lors, quelle voie reste-t-il aux catholiques dans le monde actuel ? Au moins celle de l'affirmation, publique et sereine, de leur foi. Le président de l'Observatoire international de la Laïcité se proclame "franc-maçon d'abord" ? Qu'à cela ne tienne, nous serons "catholiques d'abord" ! Plus que jamais, notre louange au Créateur revêt une dimension politique, à l'image du cantique des trois jeunes gens, jetés dans la fournaise pour avoir refusé de se prosterner devant la statue de Nabuchodonosor :

"Béni sois-Tu, Seigneur, Dieu de nos pères,
A Toi, louange et gloire éternellement !
Béni soit le Nom très saint de ta gloire :
A Toi, louange et gloire éternellement !
Béni sois-Tu dans ton saint temple de gloire :
A Toi, louange et gloire éternellement !
Béni sois-Tu, sur le trône de ton règne :
A Toi, louange et gloire éternellement !
Béni sois-Tu,Toi qui sondes les abîmes,
A Toi, louange et gloire éternellement !
Toi qui sièges au-dessus des chérubins :
A Toi, louange et gloire éternellement !
Béni sois-Tu, au firmament du ciel :
A Toi, louange et gloire éternellement !
Toutes les oeuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Vous, les anges du Seigneur, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Vous, les cieux, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les eaux par-dessus le ciel, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et toutes les puissances du Seigneur, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, le soleil et la lune, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les étoiles du ciel, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Vous toutes, pluies et rosées, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Vous tous, vents et tempêtes, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, le feu et la chaleur, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, la fraîcheur et le froid, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, le givre et la rosée, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, le gel et le froid, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, la glace et la neige, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les nuits et les jours, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, la lumière et les ténèbres, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les éclairs et les nuages, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Que la terre bénisse le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, montagnes et collines, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les plantes de la terre, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, sources et fontaines, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, océans et rivières, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Baleines et bêtes de la mer, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Vous tous, les oiseaux dans le ciel, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Vous tous, fauves et troupeaux, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les enfants des hommes, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Toi, Israël, bénis le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Et vous, les prêtres, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Vous, ses serviteurs, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Les esprits et les âmes des justes, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Les saints et les humbles de coeur, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Ananias, Azarias et Misaël, bénissez le Seigneur,
à Lui, haute gloire, louange éternelle !
Car Il nous a sauvés des enfers,
Il nous a arrachés de la main de la mort,
Il nous a délivrés de la fournaise de flamme ardente !     Rendez grâces au Seigneur, car Il est bon,
car son amour est éternel.
Vous tous qui l'adorez, bénissez le Dieu des dieux,
dans la louange et l'action de grâces,
car son amour est éternel." (Daniel, 3, 52-90)

03/10/2011

Laïcité : retour aux origines

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   Détail que l'on a tendance à oublier, le principe de la laïcité comme « distinction entre la sphère politique et la sphère religieuse »1 a d'abord été énoncé par le Christ lui-même. Vous rappelez-vous la scène ?

PHARISIENS : « Est-il permis ou non de payer l'impôt à César ? »

JESUS : « Faites-moi voir l'argent de l'impôt... De qui est l'effigie que voici ? Et l'inscription ? »

PHARISIENS : « De César. »

JESUS : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »2

   « À César ce qui est à César » : c'est surtout cette première moitié de la réponse qu'illustre l'épisode. Mais il existe un autre passage de l'Évangile où, d'un claquement de fouet, Jésus souligne la nécessité de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu » :

La Pâque des Juifs était proche et Jésus monta à Jérusalem. Il trouva dans le Temple les vendeurs de bœufs, de brebis et de colombes et les changeurs assis. Se faisant un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, et les brebis et les bœufs ; il répandit la monnaie des changeurs et renversa leurs tables, et aux vendeurs de colombes il dit : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de commerce.3

Que fait ici le Christ ? Il redéfinit le Temple comme espace sacré, comme lieu du non-négociable, c'est-à-dire comme endroit où littéralement, le négoce n'a pas sa place. César, en filigrane, se voit expulsé lui aussi, comme en témoignent les deniers frappés à son effigie qui s'éparpillent sur le sol.

   « Bon, et alors ? » direz-vous. « Et nous dans tout ça ? » Eh bien, précisément, et vous le sentez, ces quelques lignes écrites il y a deux mille ans demeurent d'une actualité brûlante. Deux remarques :

   a) Avez-vous remarqué comment Jésus arrive à la conclusion que le denier appartient à César ? Il fait constater à ses interlocuteurs qu'il porte l'effigie de l'empereur. Le mot « effigie » rend le terme « imago », employé par saint Jérôme dans sa Vulgate. Et par « imago », Jérôme ne fait que traduire le mot εἰκών des évangiles synoptiques. Ce qu'il faut rendre à, c'est ce qui appartient à, et ce qui appartient à, c'est ce qui est à l'image de, affirme le Christ. Que faut-il rendre à Dieu ? Ce qui appartient à Dieu, autrement dit, ce qui est à son image. Et justement, ce qui se trouve à l'effigie de Dieu, c'est l'homme, « créé à son image »4 : à cet endroit précis du texte de la Genèse, on retrouve le mot εἰκών dans la version de la Septante, et le terme « imago » dans la traduction latine de saint Jérôme.

   b) Le Temple lui-même, dont Jésus chasse les marchands, « préfigure son mystère »5, auquel l'homme participe en tant que fils de Dieu. Et le CEC de résumer :

« Le corps de l’homme participe à la dignité de l’" image de Dieu " : il est corps humain précisément parce qu’il est animé par l’âme spirituelle, et c’est la personne humaine toute entière qui est destinée à devenir, dans le Corps du Christ, le Temple de l’Esprit (cf. 1 Co 6, 19-20 ; 15, 44-45) »6.

   ab) Ces deux remarques n'en font donc qu'une : dans l'épisode de l'impôt dû à César, ce qui appartient à Dieu, c'est l'homme tout entier ; dans l'épisode des marchands, le Temple représente encore l'homme tout entier !

   Une laïcité bien comprise se doit donc de protéger l'homme, corps et âme, comme image de Dieu et Temple de l'Esprit. Elle doit le défendre contre deux envahisseurs principaux : César, mais aussi les puissances d'argent. Ce n'est pas un hasard si au moment de condamner la prostitution, l’Église rappelle que le corps humain constitue le temple de l'Esprit7 : on ne peut faire de la personne humaine « une maison de commerce »8, un lieu de négoce. Par conséquent, l’Église se trouve en plein accord avec la laïcité lorsqu'elle affirme par la voix de Benoît XVI qu'il existe des principes non-négociables :

En ce qui concerne l'Église catholique, l'objet principal de ses interventions dans le débat public porte sur la protection et la promotion de la dignité de la personne et elle accorde donc volontairement une attention particulière à certains principes qui ne sont pas négociables. Parmi ceux-ci, les principes suivants apparaissent aujourd'hui de manière claire:
  • la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle;
  • la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille - comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage - et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent à sa déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable;
  • la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants.
Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même si ils reçoivent un éclairage et une confirmation supplémentaire de la foi; ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l'humanité.9

  Voilà l'authentique laïcité, et la plus ancienne. L'avortement, le prétendu « mariage homosexuel » dont on prépare la légalisation (et la permission d'adoption qui s'ensuivra inéluctablement), mais aussi l'exploitation de la personne humaine sous toutes ses formes, en constituent des violations manifestes. Les catholiques, non pas en dépit de la laïcité, mais au nom même de la laïcité, ont le devoir de s'y opposer.

   Chassons les marchands du Temple.

1 Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, § 571.
2 Matthieu, 22, 15-22 ; Marc 12, 13-17 ; Luc 20, 20-26.
3 Jean 2, 13-16.
4 Genèse, 1, 26-27.
5 Catéchisme de l’Église Catholique, § 593.
6 Idem, § 364.
7 Idem, § 2355.
8 Jean 2, 16.
9 Discours du 30 mars 2006.