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18/07/2018

Scalfari, le pape et l'Enfer : retour sur une manipulation

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   Voilà au moins un titre qui mettra tout le monde d'accord. En effet, de même que tout le monde s'entend pour affirmer que les attentats du 11 septembre 2001 constituent un complot, de même tout le monde semble d'accord pour reconnaître que l'affaire des propos de François sur l'Enfer relève de la manipulation. Dans les deux cas, toute la question est de savoir de la part de qui… Commençons par rappeler les faits.

   L'article de Scalfari

   Le mercredi 28 mars 2018 (mercredi saint dernier), paraissent dans le journal italien La Repubblica des propos curieux attribués au pape François par le journaliste Eugenio Scalfari (l'article original est ici). Ce dernier n'est rien d'autre que le fondateur du prestigieux quotidien, qui, selon Wikipédia, constitue « le deuxième journal le plus vendu en Italie après le Corriere della Sera ». Né en 1924, l'athée Eugenio Scalfari, s'il n'est plus de première jeunesse, n'en apporte pas moins très régulièrement sa contribution au journal qu'il a fondé.

   Voici les propos prêtés au pape par Scalfari, au moment où leur entretien roulait sur les âmes pécheresses :

« Non vengono punite, quelle che si pentono ottengono il perdono di Dio e vanno tra le fila delle anime che lo contemplano, ma quelle che non si pentono e non possono quindi essere perdonate scompaiono. Non esiste un inferno, esiste la scomparsa delle anime peccatrici».
« Elles ne sont pas punies : celles qui se repentent obtiennent le pardon de Dieu et rejoignent les rangs des âmes qui le contemplent, mais celles qui ne se repentent pas, et qui ne peuvent donc pas être pardonnées, disparaissent. L'enfer n'existe pas, ce qui existe, c'est la disparition des âmes pécheresses. »

   Peut-être ne vous aura-t-il pas échappé que ces propos entrent en contradiction flagrante avec l'enseignement de l’Église, qui affirme l'existence d'un enfer éternel1. Évidemment, de telles déclarations n'ont pas manqué de faire des remous dans les médias. On notera aussi la date éminemment symbolique de leur parution : mercredi saint, soit la veille du jour où l’Église entre dans le triduum pascal pour célébrer le salut qui nous est donné en Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous. Les propos du pape posent donc le problème suivant : si nous ne courons aucun danger de damnation, de quoi le Christ vient-il nous sauver ? Pour quelle raison Dieu lui-même a-t-il pris la peine de s'incarner et de mourir sur une croix ? À y bien réfléchir, de tels propos, dans la bouche du pape, à la date à laquelle ils ont été publiés, sonnent comme un ignoble blasphème.

   Le communiqué de la Sala Stampa

   Le lendemain, jeudi 29 mars (Jeudi Saint), la Sala Stampa du Vatican publie ce communiqué laconique :

« Il Santo Padre Francesco ha ricevuto recentemente il fondatore del quotidiano La Repubblica in un incontro privato in occasione della Pasqua, senza però rilasciargli alcuna intervista. Quanto riferito dall’autore nell’articolo odierno è frutto della sua ricostruzione, in cui non vengono citate le parole testuali pronunciate dal Papa. Nessun virgolettato del succitato articolo deve essere considerato quindi come una fedele trascrizione delle parole del Santo Padre. »
« Le Saint Père François a récemment reçu le fondateur du quotidien La Repubblica dans un entretien privé à l'occasion de la fête de Pâques, sans cependant lui accorder aucune interview. Tout ce que l'auteur mentionne dans l'article d'hier est le fruit de sa propre reconstruction, dans laquelle ne sont pas citées les paroles qu'a textuellement prononcées le Pape. Aucune citation entre guillemets de l'article mentionné plus haut ne doit donc être considérée comme une transcription fidèle des paroles du Saint Père. »

   Un incident clos ?

   Une fois publié ce communiqué, les catholiques ont cru pouvoir pousser un soupir de soulagement. Le pape n'a donc pas nié l'existence de l'enfer ! Il s'est juste fait avoir par un journaliste. À moins que ce dernier n'ait simplement été la victime d'un défaut de mémoire. Pensez donc ! Quand on approche de cent ans... C'est ce qu'ont soutenu Aleteia et la Croix, pour s'en tenir à deux exemples. Pour rassurer leur lecteur, ces deux organes de presse ne se sont pas fait faute de rappeler l'âge de Scalfari, mais aussi de mentionner de précédents épisodes au cours desquels la parole du pape aurait été déformée par ce dernier.

   Mais c'est précisément là que le bât blesse : ce qui est arrivé lors de la dernière Semaine sainte ne constitue pas un dérapage isolé. Rappelons les précédents :

   1) PREMIER ENTRETIEN

   -Le 1er octobre 2013, Eugenio Scalfari fait publier en français dans son journal un entretien qu'il a eu avec François. En voici quelques lignes au parfum relativiste, qui n'ont pas manqué de troubler certains catholiques :

Le Pape sourit et me dit :"Certains de mes collaborateurs qui vous connaissent m'ont averti que vous allez essayer de me convertir."
A ce trait d'esprit, je réponds : mes amis vous prêtent la même intention à mon endroit.
Il sourit et répond :"Le prosélytisme est une pompeuse absurdité, cela n'a aucun sens. Il faut savoir se connaître, s'écouter les uns les autres et faire grandir la connaissance du monde qui nous entoure. Il m'arrive qu'après une rencontre j'ai envie d'en avoir un autre car de nouvelles idées ont vu le jour et de nouveaux besoins s'imposent. C'est cela qui est important : se connaître, s'écouter, élargir le cercle des pensée. Le monde est parcouru de routes qui rapprochent et éloignent, mais l'important c'est qu'elles conduisent vers le Bien."
Votre Sainteté, existe-t-il une vision unique du Bien ? Et qui en décide ?
"Tout être humain possède sa propre vision du Bien, mais aussi du Mal. Notre tâche est de l'inciter à suivre la voie tracée par ce qu'il estime être le Bien."
Votre Sainteté, vous-même l'aviez écrit dans une lettre que vous m'avez adressée. La conscience est autonome, disiez-vous, et chacun doit obéir à sa conscience. A mon avis, c'est l'une des paroles les plus courageuses qu'un Pape ait prononcée.
"Et je suis prêt à la répéter. Chacun a sa propre conception du Bien et du Mal et chacun doit choisir et suivre le Bien et combattre le Mal selon l'idée qu'il s'en fait. Il suffirait de cela pour vivre dans un monde meilleur."
« […] Et moi, je crois en Dieu. Pas dans un Dieu catholique, car il n'existe pas de Dieu catholique, il existe un Dieu. »

   -Le mercredi 2 octobre 2013, le Père Lombardi, porte-parole du Vatican, précise que cet entretien « ne constitue pas un document magistériel ».

   -Le samedi 5 octobre 2013, le Père Rosica, porte-parole du Vatican en langue anglaise, révèle que « Scalfari n'a pas enregistré l'entretien et n'a pas pris de notes à ce moment-là, et qu'il s'agit donc d'une reconstruction après coup ».

   -Le 19 novembre 2013, on apprend que l'interview a été retirée du site du Vatican. Le Père Lombardi précise que « cet entretien  est fiable dans son sens général, mais pas dans ses formulations concrètes (NDLR : sens de cette allégation ???)  : pour cette raison,  il a été considéré que le texte ne pouvait plus être consulté sur le site internet du Saint-Siège. »

   -Aujourd'hui, l'interview est accessible en six langues sur le site du Vatican, qui rappelle au passage qu'elle avait fait l'objet d'une publication dans l'Osservatore Romano dès le 2/10/2013.

   Quel cirque !

   2) DEUXIÈME ENTRETIEN

   -Dimanche 13 juillet 2014, Scalfari publie une nouvelle interview dans La Repubblica. On y trouve des propos assez légers sur le thème de la pédophilie dans l’Église, des paroles tendancieuses sur la liberté de conscience et sur les prêtres mariés.

   -Très rapidement après, La Repubblica publie une mise au point du père Lombardi sur la manière de lire cette interview qui, selon lui, n'en est pas vraiment une (extraits en français de l'un et l'autre textes ici).

   -le 6 mai 2015, la maison d'édition du Vatican publie un recueil d'interviews du pape, parmi lesquelles se trouvent les deux interviews sujettes à polémique accordées à Scalfari. Accompagnées des mises au point du Père Lombardi ?

3) TROISIÈME ENTRETIEN

   -Le 15 mars 2015, Scalfari publie dans La Repubblica un article qui se présente comme un entretien avec le pape, et dans lequel on peut lire les lignes suivantes :

« Se l'egoismo soverchia e soffoca l'amore per gli altri, offusca la scintilla divina che è dentro di lui e si autocondanna.
Che cosa accade a quell'anima spenta? Sarà punita? E come?
La riposta di Francesco è netta e chiara: non c'è punizione ma l'annullamento di quell'anima. Tutte le altre partecipano alla beatitudine di vivere in presenza del Padre. Le anime annullate non fanno parte di quel convito, con la morte del corpo il loro percorso è finito e questa è la motivazione della Chiesa missionaria: salvare i perduti. »
« Si l'égoïsme submerge et étouffe l'amour pour les autres, il obscurcit l'étincelle divine qu'il a en lui et s'auto-condamne.
Qu'arrive-t-il à cette âme éteinte ? Sera-t-elle punie ? Et comment ?
La réponse de François est claire et nette : il n'y a pas de punition mais l'annulation de cette âme. Toutes les autres participent au bonheur de vivre en présence du Père. Les âmes annulées ne font pas partie de ce banquet, avec la mort du corps leur parcours est terminé et c'est la motivation de l'Église missionnaire : sauver les perdus. »

   Pas de démenti du Vatican cette fois-là…

   4) QUATRIÈME ENTRETIEN

   Le 1er novembre 2015, Scalfari publie dans La Repubblica le compte rendu d'un nouvel entretien avec le pape François. Extrait :

« Il diverso parere dei vescovi fa parte della modernità della Chiesa e delle diverse società nelle quali opera, ma l'intento è comune e per quanto riguarda l'ammissione dei divorziati ai Sacramenti conferma che quel principio è stato accettato dal Sinodo. Questo è il risultato di fondo, le valutazioni di fatto sono affidate ai confessori ma alla fine di percorsi più veloci o più lenti tutti i divorziati che lo chiedono saranno ammessi »
« Les divergences d’opinions entre évêques font partie de cette modernité de l’Église et des diverses sociétés dans lesquelles elle a opéré, mais l’objectif est le même et, en ce qui concerne l’admission des divorcés aux sacrements, cela confirme que ce principe a été accepté par le Synode. Ceci est le résultat final, les évaluations sont de facto confiées aux confesseurs, mais à l’issue de chemins plus ou moins rapides ou lents, tous les divorcés qui le demandent seront admis. » (traduction trouvée ici)

   -le lendemain, le Père Lombardi adresse un démenti au journaliste Edward Pentin :

« Les informations selon lequelles le pape François a dit au journaliste italien Eugenio Scalfari, que les divorcés remariés “seront admis” aux sacrements par le biais du confessionnal ne sont “d’aucune manière fiables” et “ne peuvent être considérées comme reflétant la manière de penser du pape”, dit le porte-parole du Vatican, le P. Federico Lombardi ».

   Sur ce point, le Père Lombardi s'est lourdement trompé : Amoris Laetitia et sa trop fameuse note de bas de page 351, renforcée par d'autres documents officiels par la suite, l'ont démontré depuis. Continuons la lecture du démenti :

« Ainsi que cela s’est déjà produit par le passé, Scalfari rapporte entre guillemets ce que le pape lui a supposément dit, mais souvent cela ne correspond pas à la réalité, puisqu’il n’enregistre ni ne transcrit les paroles exactes du pape, ainsi qu’il l’a lui-même souvent déclaré. Ainsi il est clair que ce qu’il rapporte dans le dernier article sur les divorcés remariés n’est d’aucune manière fiable et ne peut être considéré comme la pensée du pape. »
Le P. Lombardi a précisé qu’il ne publierait pas de communiqué à ce sujet puisque ceux qui ont suivi les événements antérieurs et qui travaillent en Italie connaissent la manière d’écrire de Scalfari et sont bien au courant de ces choses. » (traduction trouvée ici)

   Ce qui semble ressortir des propos du P. Lombardi, c'est une certaine lassitude à l'égard des scandales à répétition suscités par les entretiens publiés par Scalfari. Aucun démenti officiel ne sera donc publié.

   Bilan

   Faisons nos comptes : sur ses cinq entretiens avec le pape que Scalfari a publiés, les responsables de la communication du Vatican se sont sentis obligés en quatre occurrences d'émettre des réserves. Et notez bien que dans trois cas sur cinq (ceux publiés les 1er octobre 2013, 13 juillet 2014, 1er novembre 2015), Scalfari précise bien dans son article que l'entretien avec le pape est à l'initiative de ce dernier, qui l'appelle au téléphone ou l'invite au Vatican.

   Nombreux sont les journalistes, comme Edward Pentin, qui se demandent pourquoi le pape continue à s'adresser à un journaliste qui ne serait pas fiable...

   La conclusion qui s'impose

   Disons le tout de go : ceux qui croiraient à un enchaînement malheureux de « boulettes » de la part du pape ou de Scalfari n'ont rien compris. Pire encore : sous prétexte d'excuser François, ils prennent celui-ci pour un imbécile. Rappelons simplement ici que le Vatican est un État et qu'un tel degré d'amateurisme s'avère inconcevable à un niveau étatique. Une fois ou deux, passe encore… mais cinq ! Et sans avoir besoin d'être prophète pour cela, il est à prévoir qu'une fois que le dernier scandale se sera bien tassé, sauf décès ou maladie grave de l'un des deux protagonistes, nous verrons à nouveau François décrocher son téléphone pour appeler Scalfari ou inviter ce dernier au Vatican. Et nous lirons une fois de plus, sous la plume du vieil athée, des propos hétérodoxes attribués au pape et qui ne manqueront pas de nous faire bondir…

   Pourquoi ? Parce que si François continue à s'adresser spontanément au fondateur de La Repubblica, c'est qu'il estime qu'au fond, ce dernier fait correctement son travail de journaliste, qu'il ne trahit pas ses propos. Contrairement à ce que tentent de nous assener les médias catholiques, contrairement à ce que prétend nous faire croire le service de communication du Vatican, il faut prendre très au sérieux ces articles d'Eugenio Scalfari. Tout simplement parce que le pape, en confirmant régulièrement leur auteur dans son rôle de confident privilégié, démontre par le fait même qu'il faut les prendre au sérieux. Tout comme les ouvrages de Jacques Attali, ces articles sont à consulter comme de véritables boussoles… qui indiquent le sud. Donc, non, le pape ne croit pas à l'existence de l'enfer. Peu importe ce qu'il a pu déclarer par ailleurs, au détour de telle ou telle allocution. En tant que chef de l’Église catholique, il faut bien qu'il donne des gages à ses fidèles et rassure de temps à autre les plus soupçonneux d'entre eux…

   La seule manière logique de comprendre l'enchaînement des faits que nous avons retracés plus haut est de voir qu'il ne relève pas du dysfonctionnement, mais d'un dispositif bien huilé. La maladresse n'est ici qu'apparente. Entre quatre yeux, François se lâche et lâche des énormités, dont il laisse ensuite la pénible gestion à son service de communication. Puis il observe les retombées médiatiques dans les jours qui suivent. Cela lui permet non seulement de sonder l'opinion, mais aussi de la façonner, ou du moins de la préparer en vue de son fameux changement de paradigme (pour ceux qui n'auraient aucune idée de ce dont il s'agit, lisez les précédents articles de ce blog : ici, , ou encore ). Cela lui permet également de vérifier à quel point le déni de sa trahison opère toujours chez les fidèles. Dans tout cela, Scalfari joue le rôle très ambivalent de transmetteur et de fusible.

   Ceux qui ne croient pas qu'un tel machiavélisme soit possible de la part du Souverain Pontife seraient bien inspirés de lire Le Pape dictateur, ouvrage qui sort en français ces jours-ci. L'auteur, historien de l'Ordre de Malte, n'a absolument rien d'un excité. Sa lecture du pontificat actuel repose sur des faits avérés et bien documentés. Terminons cet article par l'aveu de François lui-même : « Je peux peut-être dire que je suis un peu fourbe, que je sais manœuvrer ». Peut-être ? Un peu ? Trop modeste !

   NOTE :

   1 Catéchisme de l’Église catholique, § 1035.

Commentaires

Vos articles sont intéressants et ont le mérite de la franchise. Deux questions cependant :

- Vous soutenez que les propos hérétiques rapportés sont pleinement attribuables à François et qu'ils préparent même le terrain à des changements profonds couverts par le magistère officiel. Un tel pape peut-il exister ?

- Croyez-vous que la confusion ne soit entrée dans l'Eglise qu'avec François ? Qu'en est-il de ses prédécesseurs sur le trône de Pierre depuis le Concile ?

PS : Ces questions sont sincères, je ne fais aucunement partie de quelque chapelle sédévacantiste, je suis un fidèle de base, qui ne pratique même pas dans la forme dite extraordinaire. Je me pose comme vous des questions sur cet étrange pontificat et sur l'état consternant de l'Eglise.

Écrit par : Damien | 15/08/2018

Bonjour Damien,
et merci pour vos encouragements.

Malheureusement oui, un tel pape peut exister. L'histoire de l’Église est là pour le prouver. Si vous souhaitez creuser la question, voici les excellents articles de Roberto de Mattei sur trois cas antérieurs :
-Jean XXII http://www.correspondanceeuropeenne.eu/2015/02/10/un-pape-qui-tombe-dans-lheresie-jean-xxii-et-la-vision-beatifique-des-justes-apres-la-mort/
-Pascal II http://www.correspondanceeuropeenne.eu/2015/04/01/la-resistance-filiale-de-saint-bruno-de-segni-au-pape-pascal-ii/
-Honorius Ier http://www.correspondanceeuropeenne.eu/2016/01/10/honorius-ier-le-cas-controverse-dun-pape-heretique/

Pour répondre à votre deuxième question, il est évident que c'est le Concile Vatican II qui a permis à la confusion d'entrer dans l’Église comme elle le fait. Dans son livre "Trouvera-t-il encore la Foi sur la terre", l'Abbé Claude Barthe considère l'attitude du pape à l'époque comme une "démission magistérielle". Mais en dépit de toutes leurs insuffisances, Paul VI et ses successeurs jusqu'à Benoît XVI tenaient malgré tout la bride haute aux modernistes les plus échevelés. Ce qui est nouveau avec François, c'est cette impression que les gestes et les déclarations les plus problématiques (y compris de la part du pape) ont leur place dans les hautes sphères ecclésiales. Pour le dire autrement, avec François, la papauté est passé d'un modernisme modéré à un modernisme effréné.

Bon courage à vous malgré tout cela. La fête de l'Assomption d'aujourd'hui est là pour nous rappeler que le Coeur Immaculé de Marie finira par triompher, comme la Sainte Vierge l'a promis aux enfants de Fatima.

Écrit par : AM | 15/08/2018

Merci pour vos réponses et vos encouragements à conserver intacte l'espérance dans laquelle nous avons été sauvés. Je vous rejoins sur plusieurs points exprimés sur ce blog ou dans les vidéos de présentation de vos livres. Accepteriez-vous de me communiquer votre adresse mail pour en discuter ? (Je suppose que la mienne vous est transmise dans mon message)

Écrit par : Damien | 16/08/2018

Bonjour Antoine,

Je crois que comme beaucoup, nous avons de plus en plus de peine avec le dernier pape. Comme beaucoup aussi de ma génération née avec VII, nous étudions VII à postériori et peinons de plus en plus sur VII et ses "fruits" c'est à dire une Eglise presque entièrement sécularisée et chez nous presque arrivée à l'état moribond.

On compte le baiser au coran de JP-II, la canonisation quasi systématique de tous les papes VII. La plus que mystérieuse disparition de J-P I, le retrait de Benoît XVI, la modification dernière du Magistère ordinaire sur la position à propos de la peine de mort. Tout cela anime un très sérieux doute intérieur de nature anxiogène sur le critère d’infaillibilité que j'attachais au Magistère.

Bref, une certaine anxiété sur l'intégrité de tous les prélats depuis VII n'est pas sans poser d'énormes problèmes de confiance.

Etes-vous en mesure de nous donner votre sentiment ou même de vos doutes dans compromettre votre communication ici ?

Merci
Josselin

Écrit par : Josselin | 19/08/2018

Bonjour Josselin,

merci pour votre commentaire. Vous évoquez en peu de mots beaucoup de questions. Tous les catholiques qui connaissent un tant soit peu leur catéchisme partagent ces inquiétudes, ou du moins un certain nombre d'entre elles.

Attention cependant avec la notion d'infaillibilité pontificale. Telle que la définit Vatican I, elle ne s'exerce qu'à condition que quatre critères bien précis soient réunis. Sauf erreur de ma part, la dernière "utilisation" en date de cette infaillibilité remonte à la définition par Pie XII du dogme de l'Assomption. Bien heureusement, les erreurs qu'a pu proférer le pape actuel ne sont pas couvertes pas cette infaillibilité (pas plus, d'ailleurs, que les nouveautés issues du Concile Vatican II).

Soyons assurés que le Christ n'abandonnera pas son Église, même si cette dernière est appelée à Le suivre dans sa mort et sa résurrection.

Écrit par : AM | 19/08/2018

Cette dernière modification a été pour moi choquante. J'avais pour idée (après avoir regardé une des nombreuses vidéos d'Arnaud D) que l'ensemble du Magistère était frappée du sceau de l’infaillibilité et n'était modifiable que de façon incrémentale. Je savais déjà depuis longue date qu'en matière pastorale que VII est presque intégralement était faillible.

Le problème étant que le Magistère contient des paragraphes à la doctrine du Salut et pas d'autres. Peut-être que finalement seul le Magistère extra-ordinaire est en béton... Il faudra que je regarde cela à l'occasion.

J'ai aussi attaché depuis un moment sur certains schismes post VII à propos d'une entrevue qui aurait eu lieue entre Mgr Lefebvre et Padre Pio. A l'occasion de cette révision récente du Magistère et de son historique, j'en ai profité pour approfondir ce témoignage et je suis tombé sur un chapitre wikipedia :
https://en.wikipedia.org/wiki/Marcel_Lefebvre#Padre_Pio_and_Marcel_Lefebvre

Il semblerait que ce Pascal Cataneo qui relate la scène s'oppose à la version de Mgr Lefebvre. Du coup ce verrou a aussi sauté, étant adepte du Saint.

Je suis aussi tombé sur ce témoignage mystique d'Eric Faure
https://www.youtube.com/watch?v=RgOjPo1J28U&t=1505s
où le gars qui a l'air sincère prétend avoir eu une révélation sur la papauté depuis Paul VI.

Bref, ça rumine pas mal en ce moment. Il est vrai que malgré l'attachement que l'on ait pour l'Eglise catholique, beaucoup, mais beaucoup de doutes et une frustration énorme se construit.

Comme beaucoup de personnes soucieuses, nous sommes particulièrement isolées pour parler de ces sujets, les forums étant tous de sensibilité très variés et avec des modérations souvent très susceptibles sur ces questions.

Écrit par : Josselin | 19/08/2018

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