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10/02/2016

Vers un méta-catholicisme

   Tous enfants de Dieu ?

   Depuis le mois de janvier, François se livre à un exercice d'un genre nouveau, celui des intentions de prière mensuelles, diffusées dans de courtes vidéos. Voici la première d'entre elles, publiée le 6 janvier dernier, lors de la fête de l’Épiphanie.


   « Nous sommes tous enfants de Dieu » : telle est la phrase-clé, que tout contribue à mettre en valeur : sa place centrale dans la vidéo (45e seconde sur 90), le bref silence de François avant de la prononcer, sans oublier l'arrêt de la musique (le seul avant la fin du message) sur une demi-cadence qui crée un effet d'attente. Sur le plan stylistique, tout se révèle donc orchestré en vue de faire ressortir ce slogan selon lequel Chrétiens, Juifs, Musulmans et Bouddhistes seraient tous enfants de Dieu.

   Mais voilà : ce slogan est faux. C'est le baptême qui nous rend enfants de Dieu. N'importe quel enfant correctement catéchisé le sait. Ne prenez pas cette dernière phrase pour une exagération écrite sous le coup de l'indignation. Comprenez-la de manière littérale. Voici en effet ce que l'on peut lire dans le Catéchisme de saint Pie X :

Le sacrement de Baptême confère la première grâce sanctifiante qui efface le péché originel et aussi le péché actuel s’il existe. Il remet toute la peine due pour ces péchés, imprime le caractère de chrétien, nous fait enfants de Dieu, membres de l’Eglise et héritiers du paradis, et nous rend capables de recevoir les autres sacrements.

Or, dans la version papier de ce Catéchisme (éditions Dominique Martin Morin, ISBN : 2-85652-276-9), cette définition se situe à la p. 61, dans la partie « Petit Catéchisme », dont l'éditeur précise à la p. 6 qu'il est « destiné principalement aux enfants qui n'ont pas encore fait la première communion »...

   Vous trouvez le Catéchisme de saint Pie X trop « tradi » ? Ouvrez le Catéchisme de l’Église catholique aux paragraphes 1213, 1243, 1250, ou encore 1692 : là aussi, vous y lirez que c'est le baptême qui fait de nous des enfants de Dieu. Si vous jugez cet ouvrage encore trop dogmatique et trop long, il vous reste le paragraphe 200 du Youcat, que vous pourrez difficilement taxer d'intégrisme, attendu que même Luther s'y voit cité comme une autorité (p. 200)...

   Assez ironisé. Jusqu'à maintenant, on pouvait encore interpréter les précédentes bergoglionades de manière bienveillante : dérapage lors d'une homélie improvisée, racontar de journaliste... Mais ici, même la possibilité d'une excuse charitable nous est ôtée : nous nous trouvons en présence d'une affirmation préméditée (on n'improvise pas une vidéo, ou au pire, on rectifie au montage) et officielle (cette vidéo a été publiée par la chaîne Youtube du Vatican). Celui qui occupe actuellement le trône de Pierre a sciemment proféré à l'intention des fidèles du Christ une erreur manifeste... ce qu'on aurait jadis appelé une hérésie. Dans ces conditions, pouvons-nous encore lui faire confiance ?

   Le Christ à prendre ou à laisser

   « Nous sommes tous enfants de Dieu ». Que changent ces six mots ? Ils déconnectent la filiation divine du baptême chrétien : plus besoin d'être baptisé pour être enfant de Dieu ! Or, le premier des sacrements nous sauve du péché en nous plongeant dans la mort et la résurrection du Christ (Catéchisme de l’Église catholique, § 1213-1214). Évacuer la nécessité du baptême Chrétien revient donc à nier la nécessité du Christ pour être sauvé.

   Le message de François implique par conséquent un très grave reniement de la foi catholique, à laquelle est préférée ce qu'il appelle sa « seule certitude pour tous ». Dans cette vision du monde, comme le montre la dernière image, l'enfant Jésus n'est plus toléré que comme un chemin parmi d'autres, aux côtés de Bouddha, du chapelet musulman et de la menorah juive. Il n'est plus « l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin » (Apocalypse XXII, 13), mais une « manière » parmi d'autres de « rencontrer Dieu ». Il cesse d'être « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jean XIV, 6) pour devenir une simple option possible dans une « multitude », un « éventail de religions », selon les propres expressions de François.

   Celui qui se présente au monde comme le vicaire du Christ réduit ce dernier à n'être plus qu'une couleur dans un éventail, comme ceux que vous vous procurez lorsque que vous souhaitez repeindre votre salon. L'unique salut par Jésus (dont le nom signifie justement « Dieu sauve ») n'est plus un article de foi, mais un article de consommation, que vous pouvez choisir de déposer ou non au fond de votre caddie spirituel, dans le supermarché des religions. Dès lors, faut-il rire ou pleurer quand un mois plus tard, dans sa deuxième vidéo d'intentions de prière, le pape déclare le plus sérieusement du monde : « nous avons besoin d'une conversion qui nous unisse tous : nous libérer de l'esclavage du consumérisme » ? Et pas du consumérisme spirituel, peut-être ?

   Circonstance aggravante, le premier message a été publié le jour de l’Épiphanie, où l'on célèbre « la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde. » (Catéchisme de l’Église catholique, § 528). François nous dit exactement l'inverse avec sa petite phrase : tout le monde est fils de Dieu, y compris hors du Christ, par qui n'advient plus l'unique salut possible. On aimerait ne pas voir là un blasphème intentionnel...

   Demain, la religion mondiale ?

   Catholique signifie déjà « universel ». Le salut n'a donc pas besoin d'une communauté plus vaste que l’Église pour se communiquer à tous. Mais dans la vidéo de François, tout se passe comme si tout un chacun n'était pas libre d'embrasser la foi chrétienne, ou comme si une telle conversion n'était pas souhaitable, car trop clivante. Souvenez-vous : la conversion qui nous unira tous n'est pas la conversion au Christ, mais la libération de l'esclavage du consumérisme. Tout se passe aussi et surtout comme s'il fallait bâtir un catholicisme au-delà de l’Église, désormais jugée trop petite pour accueillir tout le monde. La porte étroite (Luc 13, 24) l'est décidément trop. Le Christ se voit donc écarté au profit d'une valeur plus large, plus fondamentale, celle de « l'Amour », que tous les protagonistes de la vidéo, quelle que soit leur religion, confessent à l'unisson. Fort heureusement, la vidéo s'arrête avant que chacun n'ait le temps de donner sa définition de cet Amour si rassembleur... faute de quoi, la si touchante réunion interreligieuse montrée à la cinquantième seconde aurait sûrement viré à la fâcherie ! Et si le Christ est l'amour fait homme, pourquoi un pape se priverait-il de le dire ?

   À ce compte, le sort actuel du catholicisme ne s'avère pas meilleur que celui des premiers Chrétiens. Ceux-ci ont subi le martyre non pas tant pour leur foi au Christ que pour le caractère exclusif de cette foi, qui leur faisait mépriser les faux dieux. Le système théologique païen se montrait fort accueillant pour toutes sortes de divinités (cf. Actes XVII, 22-23), dès lors qu'aucune d'entre elles ne prétendait capter pour elle seule toute l'adoration des fidèles. De même, dans le monde rêvé par François, libre à vous de croire que Jésus vous sauve, mais défense absolue de croire qu'il s'agiraitdu seul salut possible, ou que ce salut serait exclusivement réservé aux baptisés : « Nous sommes tous enfants de Dieu ».

   Mais le salut effectif des âmes, qu'en fait François dans tout cela ? Qu'en reste-t-il dès lors que le baptême n'est plus considéré comme nécessaire ? Tromper les gens sur ce point, n'est-ce pas les mener à la damnation ? Et pourtant, visionnez à nouveau cette vidéo, et regardez bien le moment où François prononce sa petite phrase. Son visage n'a-t-il pas l'air pétri de bonté, de gentillesse ? Cet homme ne ressemble-t-il pas à s'y méprendre à un père soucieux d'aider et d'aimer tous ses enfants ? Nous ne pouvons pas savoir avec certitude si l'Antéchrist et son faux prophète viendront bientôt. Ce qui est plus sûr, c'est qu'au moment précis où il profère ce mensonge, François est objectivement l'icône parfaite de la deuxième Bête vue par saint Jean, celle qui « avait deux cornes comme un agneau, mais parlait comme un dragon » (Apocalypse XIII, 11).

   Bon et saint Carême à tous. En ce temps d'entraînement au combat spirituel, que le combat pour la vérité ne soit pas déserté.

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