13/12/2020
Heureux comme un serpent au Vatican
La salle Paul VI du Vatican, photographiée en grand angle. Une architecture pour le moins fascinante… Quand le pape donne audience, il se tient très exactement dans la gueule du serpent...
Personne ne ressemble plus au Christ que le Chrétien… ou l'Antéchrist, comme nous le rappelle à juste titre la fameuse fresque de Luca Signorelli. Le premier l'imite, le deuxième le singe. Quelle différence entre les deux ? Pour qui a accès à l'intérieur des âmes (qui, sinon Dieu ?), pas de difficulté ! Tout est limpide : le Chrétien s'efforce d'imiter sincèrement le Christ, tandis que l'Antéchrist en reprend en apparence les paroles et les actions, mais les détourne sciemment, les retourne contre l'essence même du message de Jésus. De l'extérieur, quelle différence entre le Chrétien et l'Antéchrist ? Difficile à dire, parce que l'imitation de Jésus-Christ, pour reprendre le titre d'un best-seller, peut ne pas être parfaite, elle peut même s'avérer très maladroite par moments… C'est justement de cette imperfection que profite l'esprit de l'Antéchrist. Lui aussi feindra d'être gauche. Il ne distordra la vérité chrétienne que par des déplacements apparemment microscopiques, savamment calculés ; et quand vous le prendrez la main dans le sac, il lui restera toujours l'excuse de la maladresse… Toujours ? Pas tout à fait. Quand les bourdes s'enchaînent à un rythme démentiel et aboutissent presque systématiquement à un brouillage du message chrétien, à une confusion du message évangélique, on est tout de même en droit de conclure que ces bourdes n'en sont pas, que l'auteur le fait exprès, et qu'il poursuit un objectif précis. Et c'est la conclusion qu'au bout de sept ans, tout observateur lucide du pontificat de François est en droit de formuler.
Papolâtres de tous crins qui lisez ce début d'article, passez votre chemin. Et changez de religion, tant qu'à faire. Devenez chrétiens, par exemple. En vous souvenant que le Christ ne s'est pas gêné pour tancer vertement le premier pape lorsque ce dernier voulait le détourner de sa mission. « Passe derrière moi, Satan ! » (Matthieu 16, 23). Rien que ça… Pas très papophile, cette exclamation… Yves Chiron, dont on se demande encore quelle mouche a bien pu le piquer, pourrait l'ajouter dans son dernier bouquin. On espère que saint Paul y figure aussi en bonne place, aux côtés de Mgr Viganò, lui qui confesse benoîtement dans l'Epître aux Galates : « Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il était répréhensible » (Galates, 2,11). À défaut d'être éventuellement mentionnés dans Françoisphobie, ces épisodes de l’Église primitive nous sont rapportés dans un autre livre : la Bible, inspiré par l'Esprit saint. Ce dernier se serait-il trompé ? Quant à l'infaillibilité pontificale, évidemment, c'est bien joli, c'est même magnifique. Encore faudrait-il s'en servir et ne pas la laisser au placard, à l'image de la sedia gestatoria et d'autres accessoires de la papauté jugés démodés.
Cet avertissement posé en préambule, revenons aux fausses maladresses de François, et passons directement en revue l'une ou l'autre de ses techniques éprouvées pour subvertir en douce la doctrine catholique.
1) Les métaphores inappropriées. Analysez cette petite phrase de François, prononcée en août 2013, à propos d'une éventuelle ouverture de l'ordination aux femmes : « Cette porte-là est fermée », avait-il dit (source). De quoi rassurer le brave catholique, à première vue… Sauf que dans les faits, l'auteur de cette métaphore, trois ans plus tard, met sur pied une commission chargée d'étudier l'ordination de diaconesses, alors même que le Vatican avait publié en 2003 un long document qui concluait à l'impossibilité d'une ordination diaconale féminine. Comme cette commission n'a apparemment pas abouti au résultat escompté, François, en avril 2020, crée une nouvelle commission sur le sujet. Apparemment, il faut encore réfléchir à la question… Et contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'existe aucune contradiction entre cette volonté effective de bricoler un diaconat féminin et la métaphore de la « porte fermée ». Parce qu'une porte fermée, ça s'ouvre. Si le pape avait voulu défendre l'impossibilité pure et simple d'un diaconat féminin, il n'aurait pas parlé d'une « porte fermée », car les portes sont autant faites pour être ouvertes que fermées, mais bien plutôt d'un mur infranchissable.
2) Les citations tronquées. Pour introduire de manière crédible des nouveautés dommageables, rien de plus efficace que d'avoir l'air de s'appuyer sur les textes antérieurs de l’Église. C'est à ce petit jeu que François se livre régulièrement, notamment dans Laudato si'. Le n°69 de cette enclyclique prétend ainsi nous mettre en garde contre un « anthropocentrisme déviant ». Pour ce faire, il se réfère au n° 339 du Catéchisme de l’Église catholique, qu'il cite de la manière suivante : « Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres [...] Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses ». Pour percevoir l'arnaque, il faut s'intéresser tout autant à ce qui est pris du Catéchisme qu'à ce qui en est laissé. En fait, la phrase originale du n° 339 a été amputée de sa fin. Voici la version originale : « C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses, qui méprise le Créateur et entraîne des conséquences néfastes pour les hommes et pour leur ambiance. » L'omission de la fin de phrase modifie radicalement la perspective : dans l'optique du Catéchisme, il faut respecter la création par considération pour Dieu et pour le bien-être des hommes. Le caviardage effectué par Laudato si' donne l'impression que le Catéchisme affirme que l'homme doit respecter les autres créatures d'abord pour elles-mêmes. En fait, le CEC dit exactement l'inverse : l'homme doit éviter « l'usage désordonné » des autres créatures, d'abord par respect pour Dieu et pour lui-même. Un petit coup de ciseaux et le tour est joué.
Ces deux subterfuges ne relèvent pas du bon gros mensonge classique. Tout se joue de manière bien plus subtile. Qui se penche de près sur les discours oraux ou écrits de François y repère la présence quasi-permanente d'un langage double, aussi bifide que la langue d'un serpent. Peut-être serait-il opportun ici de méditer l'avertissement laissé par saint François d'Assise, que le pape actuel passe le plus clair de son temps à récupérer et à caricaturer. En effet, sur son lit de mort, le Poverello annonce « une grande époque de tribulations et d’affliction dans laquelle de grands périls et des embarras temporels et spirituels pleuvront, la charité d’un grand nombre se refroidira et l’iniquité des méchants surabondera. Le pouvoir des démons sera plus grand que d’ordinaire, la pureté immaculée de notre congrégation religieuse et des autres sera flétrie, au point que très peu parmi les chrétiens voudront obéir au vrai Souverain Pontife et à l’Eglise Romaine avec un cœur sincère et une charité parfaite. Au moment décisif de cette crise, un personnage non canoniquement élu, élevé à la Papauté, s’efforcera avec adresse de communiquer à beaucoup le poison mortel de son erreur » (voir ici l'article que nous avions consacré à cette prédiction). Serait-ce pour notre temps que le Poverello a prononcé ces mots ?
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