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05/08/2016

Demain des diaconesses, après-demain des prêtresses...

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   On apprend ce 2 août que François a créé une commission dans le but d'étudier la question du diaconat des femmes, « surtout par rapport aux premiers temps de l’Église ». Le diaconat avait fait en 2003 l'objet d'un long document de la Commission Théologique Internationale, qui consacrait déjà une large part à ce sujet. Sa publication avait été autorisée par le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. En voici la conclusion :

Concernant l’ordination de femmes au diaconat, il faut observer deux éléments importants résultant de ce que nous avons exposé. Premièrement, les diaconesses dont il est fait mention dans la tradition de l’Église ancienne (selon ce que le rite d’institution et les fonctions exercées suggèrent) ne peuvent pas être assimilées purement et simplement aux diacres. Deuxièmement, la tradition ecclésiale, surtout dans la doctrine du concile Vatican II et dans l’enseignement du Magistère postconciliaire, souligne fortement l’unité du sacrement de l’Ordre, dans la claire distinction entre les ministères de l’évêque et des presbytres d’une part et le ministère diaconal d’autre part. À la lumière de ces éléments mis en relief par la présente recherche historico-théologique, il revient au ministère de discernement que le Seigneur a établi dans son Église de se prononcer avec autorité sur la question.

En clair, on ne peut pas s'appuyer sur l'existence de « diaconesses » autrefois pour défendre l'ordination diaconale de femmes aujourd'hui. Tout simplement parce que le même terme, dont le sens a évolué dans l'intervalle, ne désigne plus les mêmes réalités.

   Dans ces conditions, pourquoi remettre le sujet à l'étude, treize ans seulement après ce rapport conséquent ? Le Père Lombardi, le Monsieur Communication du Vatican, a donné la réponse le 13 mai dernier :

« Le pape dit qu’il pense à constituer une Commission qui reprenne ces questions pour les voir avec une plus grande clarté. »

La veille, François lui-même avait affirmé :

« Donc, sur le diaconat, oui, j’accepte et une commission me semble utile pour clarifier bien cela, surtout en ce qui concerne les premiers temps de l’Église. »

   Désolé, mais quand François veut trouver « une plus grande clarté » sur un sujet, il y a tout à craindre. La récente exhortation apostolique Amoris Laetitia était déjà censée « clarifier » le rapport des divorcés-remariés aux sacrements, suite au très controversé Synode sur la Famille. C'était aussi une clarification que demandait la Filiale supplique, signée par plus de 800.000 personnes. Or, on a déjà vu comment François a par ce document introduit son accord de principe pour la communion des personnes en état permanent d'adultère. On sait par ailleurs comment il travaille actuellement à faire rentrer ce principe en vigueur, en déléguant la question aux conférences épiscopales. Encore un peu de temps, et l'application en sera effective dans les diocèses et les paroisses, et vous verrez comment seront traités par leurs confrères et leurs évêques les prêtres désireux de s'en tenir à l'enseignement traditionnel de l’Église sur le sujet… Pour ne citer que deux initiatives parmi tant d'autres, 1) Amoris Laetitia a suscité la pétition de quarante-cinq clercs et théologiens, qui demandent une révision du texte ; 2) des catholiques engagés pour la famille et pour la vie ont publié la vidéo Plea to the Pope dans laquelle ils supplient François de mettre fin à la confusion générée par Amoris Laetitia. En fait de clarification, l'exhortation apostolique ne semble donc pas une réussite absolue…

   Donc si l'objectif n'est pas une clarification déjà effectuée il y a moins de quinze ans, pourquoi rouvrir le dossier des diaconesses ? La réponse est très simple, même si tout le monde ne se trouve pas prêt à l'encaisser : pour aboutir à une autre conclusion que le document de 2003, une conclusion nouvelle, « qui ouvre des portes », pour reprendre la terminologie du cardinal Kasper (cf. Le Chant dans la fournaise, p. 48). On notera en ce sens, dans la liste des personnes nommées dans la fameuse commission, la présence de Phyllis Zagano, défenderesse acharnée du diaconat féminin, et prompte à trouver des arguments en faveur d'une cause condamnée par saint Paul lui-même :

Que la femme écoute l'instruction en silence, avec une entière soumission. Je ne permets pas à la femme d'enseigner, ni de prendre de l'autorité sur l'homme; mais elle doit demeurer dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite ; et ce n'est pas Adam qui a été séduit, c'est la femme qui, séduite, s'est rendue coupable de transgression. Elle sera néanmoins sauvée en devenant mère, si elle persévère avec modestie dans la foi, dans la charité, et dans la sainteté. (1 Timothée 2, 11-15)
Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler ; mais qu'elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque chose, qu'elles interrogent leurs maris à la maison ; car il est malséant à une femme de parler dans l’Église. (1 Corinthiens 14, 34-35)

   Il ne fait pas de doute qu'une fois la porte de l’Église ouverte aux diaconesses (car vous verrez, on y viendra), on ne s'en tiendra pas là. Après tout, demandera-t-on, si diaconat, presbytérat et épiscopat constituent trois degrés d'un seul et même sacerdoce, pourquoi reléguer les femmes au seul diaconat ? Bien sûr, certains objecteront que cela n'est pas possible, car le prêtre agit « in persona Christi », « dans la personne du Christ ». Or le Christ est un homme et non une femme... Mais vous trouvez des documents romains (celui de 2003, mentionné plus haut) où l'on se pose la question de savoir si le diacre agit « in persona Christi servi », « dans la personne du Christ serviteur ». Donc, demandera-t-on, si les femmes peuvent agir « in persona Christi » dans le diaconat, pourquoi ne le pourraient-elles pas dans les autres ordres ? En réalité, c'est déjà la question des femmes-prêtres qui se joue avec cette commission. Une fois le diaconat féminin admis, le sacerdoce féminin ira de lui-même. Et si la Providence ne vient pas mettre son grain de sable dans cette machine infernale, on ne voit pas trop ce qui empêcherait l’Église d'ouvrir ses portes à des prêtresses, puis à des évêquesses et bientôt à des papesses...

   A propos de l'ordination des femmes, François a lui-même employé l'image de la porte. C'était durant l'été 2013 :

...en ce qui concerne l’ordination des femmes, l’Église a parlé et dit : « Non ». C’est Jean-Paul II qui l’a dit, mais il l’a formulé de manière définitive. Cette porte-là est fermée.

A première vue, cette déclaration semble impeccable. François y rappelle que l’Église ne peut pas ordonner de femmes. Sauf qu'une porte fermée, ça s'ouvre...

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